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Syndicat CGT  AUTO INERGY DIVISION Groupe Plastic Omnium

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Allemagne. Un « SMIC » à 8,50 euros, ça change quoi ?

Allemagne. Un « SMIC » à 8,50 euros, ça change quoi ?

Allemagne. Un « SMIC » à 8,50 euros, ça change quoi ?

Depuis début janvier, environ 3,7 millions de salariés bénéficient d’un salaire minimum de 8,50 euros brut de l’heure. Cette nouvelle mesure ne s’applique pas à tous. Certains patrons, augmentant les cadences ou poussant les salariés à opter pour un statut indépendant, ont déjà élaboré leur stratégie de contournement.

« Le salaire minimum ? Oui, ça fait une différence ! » Helin travaille à temps plein dans une boulangerie berlinoise. Depuis l’introduction du « SMIC » en Allemagne au 1 er janvier, elle gagne 8,50 euros brut.

Contre 6,10 euros de l’heure précédemment. Un coup de pouce qui lui permet de toucher environ 400 euros brut en plus à la fin du mois. « C’est de l’argent en plus pour mes filles », souligne-t-elle devant son comptoir de brötchen, ces petits pains très appréciés outre-Rhin. L’employée de boulangerie de 41 ans élève seule ses 3 filles et cumule les heures supplémentaires. Elle n’estime pas pour autant son travail mieux considéré depuis le début de l’année. « Seuls les chiffres changent », lâche-t-elle, en haussant les épaules.

Sur la fiche de paie de Marlen, le changement n’est pas si important.

La grande jeune femme de 25 ans travaille à temps partiel, un à deux jours par semaine, dans un bar-restaurant du quartier populaire de Neukölln dans le sud de la capitale allemande. L’étudiante gagnait auparavant 8 euros par heure. La loi lui permet aujourd’hui d’empocher 50 centimes de plus, soit 4 euros supplémentaires par jour. « C’est bien, mais assez négligeable pour moi, observe-t-elle. Je compte davantage sur les pourboires. » Grâce à ces derniers, son salaire horaire peut grimper jusqu’à 10 euros par heure.

Les coiffeurs attendront

Comme Helin ou Marlen, 3,7 millions d’Allemands sont directement concernés par l’introduction du salaire minimum décidée par le gouvernement de coalition d’Angela Merkel. La plupart d’entre eux travaillent dans l’hôtellerie, la restauration, les petits commerces, les call centers ... ou encore les entreprises de taxis. Des secteurs qui n’avaient jusqu’ici pas négocié de salaires minimums de branche. Sont concernés les CDI, les CDD, comme les « minijobs », ces emplois rémunérés jusqu’à 450 euros par mois et exonérés de cotisations sociales, ou encore les stages non obligatoires de plus de 3 mois. En sont exclus les mineurs, les apprentis, les stagiaires, un fameux trio connu sous le nom d ’« azubis » qui jouent un rôle très important en Allemagne, ou encore une série de métiers déjà couverts par des conventions collectives avec un « SMIC » inférieur à 8,50 euros. Ces derniers ont jusqu’en 2017 au plus tard pour se conformer à la nouvelle réglementation. C’est le cas des coiffeurs, dont le « SMIC » de branche, porté l’été dernier à 7,50 euros à l’est et à 8 euros à l’ouest du pays, sera relevé partout à 8,50 euros en août prochain.

La fédération des syndicats allemands DGB a lancé un numéro vert pour renseigner les salariés. Plus de 6 000 personnes ont jusqu’ici décroché leur téléphone. Si la plupart appellent pour obtenir des informations, cette ligne téléphonique est également l’occasion de repérer les premiers abus des employeurs signalés par les salariés : « Nous avons eu le cas d’exploitants de saunas ou solariums qui distribuaient des bons d’achats à leurs employés pour payer la différence entre leur salaire et le “ SMIC ” », raconte Marion Knappe, porte-parole du DGB. « Dans la restauration, les pourboires sont parfois récupérés pour payer les salariés ... Dans d’autres cas, les employeurs demandent à leurs employés de leur écrire une lettre dans laquelle ils renoncent au salaire minimum. On leur explique que cela ne vaut rien… »

Appliquer la loi ou risquer une amende

« Les employeurs vont se montrer très créatifs pour contourner la loi », souligne de son côté Karl Brenke, spécialiste du marché du travail à l’Institut économique de Berlin (DIW). Ce dernier évoque le nonpaiement des heures supplémentaires ou encore ces salariés sommés de prendre le statut de travailleur indépendant ... afin d’échapper au salaire minimum. Quand il ne s’agit pas de travailler plus vite : « Nous avons le cas classique de ces entreprises de nettoyage qui demandent à leurs employés de nettoyer par exemple une surface plus grande pour le même temps imparti », décrit l’économiste. « La grande majorité des employeurs ne cherchent pas des moyens de contourner le salaire minimum mais veulent l’appliquer dans les règles », expliquait lors d’un point presse fin janvier la ministre du Travail, Andrea Nahles, dont les services ont reçu en janvier 12 000 coups de fil, provenant notamment de patrons en quête d’informations.

Il est trop tôt pour évaluer l’attitude générale des employeurs, expliquent de leur côté les douanes allemandes.

Déjà chargée outre-Rhin de la lutte contre le travail au noir, l’administration accueillera 1 600 nouvelles recrues sur une période de 5 ans afin de contrôler l’application du salaire minimum dans les entreprises. Les contrevenants risquent une amende pouvant aller jusqu’à 500 000 euros.

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